Un peu de transparence, mais des problèmes de fond
Les 7 et 9 octobre avait lieu à Biarritz, au pays basque, le Congrès Annuel de Domaines Skiables de France (DSF ), qui regroupe l'ensemble des professionnels (acteurs publics ou privés) qui font tourner les stations de ski françaises (235 des 250 stations de ski françaises y sont représentées). Ce congrés est habituellement l'occasion de faire le bilan de la saison passée, de présenter les nouveautés pour la saison à venir, et de discuter des enjeux du secteur du tourisme hivernal de montagne.
A cette occasion, il a été annoncé que les stations de ski françaises, avec 54,9 millions de journées skieurs soit -2,7% par rapport à la saison précédente) ont repris la première place du classement mondial aux Etats-Unis (53,6 millions de journées skieurs -5,6%), puis l'Autriche (51,8 millions de journées skieurs, +2%).
La veille avait été publié le traditionnel classement Montagne Leaders. C'est ainsi que l'on a appris que sur l'hiver 2014/2015 et sur le top 100 stations, le nombre de journées Skieurs a baissé (-2.7%) mais le Chiffre d'Affaires est resté stable (malgré une saison difficile en matière d'enneigement, et une fréquentation en baisse de 2,7%).
Les Alpes du Sud sont le massif qui a le plus souffert (-8% de fréquentation , -11% sur 5 ans).
Côté Hautes-Alpes, 7 stations sont apparues le top 30 des stations avec progression des chiffre d'Affaires : La Meije, Ancelle, Serre-Che, Vars, Puy-Saint-Vincent, Risoul, les Orres.
Comme les années précédentes, 4 stations sont dans le top 30 des stations en terme de journées-skieurs (Risoul, Vars-Crevoux, Serre-Chevalier, Montgenèvre)
Si l'automne est plus frais que celui de l'année dernière, il est trop tôt pour dire si la neige tombera en quantité et appréhender à ce stade l'épaisseur de la sous-couche du manteau neigeux !
Mais cette année, le gros changement porte sur la modification du calendrier scolaire: les vacances de printemps reviennent plus tôt dans la saison (le décalagé datait de 2010), soit du 11 avril au 1er mai. De quoi permettre une utilisation plus longue des équipements des stations qu'il faut amortir, et réjouir les professionnels du ski.
Depuis plusieurs années, l'argument de "qui a le plus grand domaine" est mis en avant, avec affichage d'un nombre de kilomètre ahurissant, perturbant l'utilisateur. Chaque station utilise sa propre méthode, assimilant selon les cas leur communication à un argument falacieux de vente.
Les normes de balisage des pistes et calcul de longueur de piste tant différente en Europe, pour l'instant il n'y a pas de règlementation européenne en la matière. DSF et France Montagne ont établi une circulaire de calcul, applicable par leurs membres. Cette norme indique que chaque station doit détailler sur son site web la méthode de calcul utilisée expliquant les valeurs sur lesquelles la station communique à grand renfort de publicité/marketing, mais aussi la valeur calculée selon la méthode de la trace directe mesurée au centre de la piste (en gros celle données par les GPS). Les autres méthodes tiennent compte des virages effectués par les skieurs, avec un coefficient moyen qui ne doit pas dépasser de 30%, ou encore compte deux fois la portion commune entre plusieurs pistes, ou encore la surface totale des pistes et les dénivelés.
Ce n'est pas encore la panacée, mais cela permettra au moins d'obtenir le chiffre sur une méthode commune : celle de la mesure de la trace directe et centrée. Nous mettrons à jour les informations du site sur les chiffres clefs des stations de ski du Queyras une fois ceux-ci mis en ligne par la Régie des Remontées Mécaniques du Queyras, la SEDEV (Vars) et Belle Montagne (Risoul).
Année de la COP21 oblige, les acteurs du ski ont discuté de l'impact des changements climatiques sur l'activité des stations. Ce qui est sûr, c'est qu'il y aura de l'impact, d'où la nécessité de continuer à investir : aller plus loin dans la neige de culture (30% des pistes de ski sont couvertes), les nouvelles techniques de travail des pistes, et renouveller les infrastructures. Il semble que les technologies et nouvelles techniques de neige de culture/préparation des pistes permettent de gérer la baisse de température, et donc de supporter la baisse du nombre de nuits froides.
Autre challenge à venir à 1 an, et pas des moindres : le sujet de la discussion des compétences Tourisme, qui à partir du 1er Janvier 2017, via la loi NOTRE (Nouvelle Organisation Territoriale de la République) sera du ressort des Communautés de Communes, ce qui n'arrange pas les grandes stations. Elles avaient l'habitude de communiquer séparemment avec leur propre image. Ce sera un beau sujet du Congrès de l'ANEM (Association Nationale des Elus de Montagne) qui aura lieu les 15 et 16 octobre 2015 au Puy-en-Velay.
Bref, une saison en demi-teinte qui cache une baisse de fréquentation, un désir de transparence, et un combat à venir sur le sujet de la compétence Tourisme. A suivre !