Voici une recette traditionnelle que des amoureux du Queyras ont souhaité faire redécouvrir au plus grand nombre comme spécialité culinaire locale : c'est une crêpe sans oeufs, qui ne nécessite comme ingrédients principaux que Farine et Petit Lait. Le Tourteau Prime du Queyras peut être accompagné d'une grande variété d'ingrédients sucrés et salés. A (re)-découvrir.
Voici la véritable légende du tourteau prime, permettant d'en comprendre ses spécificités et son origine :
Il y a très longtemps …
On était à la fin de l’été et Tante Mounine terminait sa saison dans son chalet d’alpage.
La seule vache qu’elle continuait à traire ne lui fournissait plus assez de lait pour nourrir les enfants dont elle avait la charge
Un jour qu’elle était en train d’égoutter le caillé destiné à faire des tommes, elle s’apprêtait à jeter au ruisseau le petit lait qui en résulte et elle se dit : « les grenouilles qui mangent ce petit lait sont belles et grasses ! S’il est bon pour elles il doit être bon pour nous ! Alors pourquoi le jeter ? Je vais l’utiliser comme du vrai lait, pour en faire des crêpes. Je n’ai plus d’œufs ? Qu’à cela ne tienne. Je les ferai sans œuf. »
Le soir même elle se mit à son fourneau, en fabriqua, et les servit au repas.
« Que c’est bon ! » dirent les enfants en cœur ! « Ces tourteaux son tellement fins qu’on dirait de la dentelle ! »
« En effet, dit tante Mounine, ce ne sont pas des matefaims. Ils sont « primes » !C’est ainsi que le « TOURTEAU PRIME » naquit.
Petit vocabulaire : En patois, dans le Queyras, un « tourteau » c’est une crêpe. Si elle est épaisse, comme une mini-omelette avec de la farine, des œufs, du lait, c’est un « matefaim » (qui triomphe de la faim). S’il est « fin », c’est un « tourteau prime ». Prime, veut dire « premier » ou « un ». Par extension, « un » c’est plus petit que « deux », donc c’est moins épais, donc c’est «fin ».
Le TOURTEAU PRIME est ainsi une crêpe traditionnelle que les gens faisaient à l'alpage de Furfande ou Clapeyto pour économiser le lait et utiliser le sous produit de la fabrication du fromage qui est le "petit lait".
Ne pas confondre le TOURTEAU PRIME qui est très fin (comme son nom l'indique), qui est fait simplement avec de la farine et du petit lait, avec le TOURTEAU ou MATEFAIM qui lui est plus épais, et qui est fait avec de la farine, du lait, et des œufs. Presque une vraie omelette !
Le Tourteau Prime est une crêpe sans œuf, faite avec du petit lait, de la farine et une pincée de sel. Bref, v'est une crêpe normale dans laquelle on supprime les œufs et on remplace le lait par du "petit lait".
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Comme toute crêpe ou blini, vous aurez d'infinies possibilités pour agrémenter votre Tourteau Prime du Queyras.
Vous trouverez en photo des variations de présentation, imaginées par Marie de Château-Queyras : aux épinards, aux pommes de terre violettes, etc. une variation de présentation (pâte moulée en chausson).
Le Tourteau Prime Violette ; à base de patates vitelottes (des vieilles semences): je fais une purées patates, lait sel et poivre.
Le Tourteau Prime Epinards : je les fais cuire puis les assaisonne avec un peu de crème fraiche, sel poivre et quelques pignons en décoration.
Les tourteaux sont cuits à l'avance, puis moulés dans des moules en silicone puis garnis de purée et passés 5 mn au four pour les dorer.
Voilà bon appétit !
Côté boissons : jus de fruits des Hautes-Alpes, cidre, chocolat chaud, thé, café, etc.
Le petit lait se trouve facilement dans les fromageries, entre autre celle de Château Ville Vielle. Il suffit de se présenter avec des bouteilles et on vous les remplit gratuitement. Ce produit se congèle facilement.
A la fromagerie de Château Queyras (Tel : 04 92 46 73 16.) : venir, aux heures d’ouverture, avec sa petite bouteille et on vous en donnera.
Voilà une recette traditionnelle à redécouvrir, facile à cuisiner et qui ravira petits et grands, au repas comme au quatre-heure ! N'hésitez pas à commenter ci-dessous pour partagez vos astuces, vos idées de présentation et d'accompagnement.
En fait le Tourteau Prime n'est ni plus ni moins que le "chapati" que l'on mange au Népal ou la "galette" que l'on mange dans le Sahara.
Il peut donc accompagner n'importe quoi. De la farine et de l'eau et cela fait du pain si l'on met un peu de levain. Il n'y a rien, d'original en soit si ce n'est le nom, le lieu, l'histoire, la légende,... Jean-Paul (Arvieux)