Voici un des éléments caractéristiques du Queyras, et pour cause : le torrent du Guil, qui est en réalité une rivière torrentielle, traverse tout le territoire de la vallée du Queyras, la route principale d'accès au Queyras suit ses berges. Voyons en détail son tracé (sa source et ses affluents), la géologie de son bassin, les activités pratiquées sur ses eaux, les grandes crues centennales mémorables, et les sites à visiter accessibles autour du Guil.
Au sommaire :
Le Guil prend sa source dans le cirque du Mont-Viso : les eaux de pluie ou de fonte de neige ruissellent sur les pentes des Pointes de Marte (3152m), de Venise (3096m), d'Udine (3019m), de Rome (3069m), de Gastaldi (3210m), Joanne (3052m), le Mont Ruine (3145m) et l'Asti (Mont Aiguillette 3287m) pour alimenter les 3 lacs du cirque du Viso (Lestio 2510m, Porcierole 2630m et Clot Sablé 2720m), avant de se regrouper pour former le torrent le Guil, et redescendre dans la vallée.
Vallée du Queyras et vallée du Guil sont assimilables : le Guil est historiquement la voie naturelle de passage de la Provence vers le Piemont et l'ancien royaume de Savoie. Il traverse alors le territoire de 8 communes (Ristolas, Abriès, Aiguilles, Château-Ville-Vieille, Arvieux, Guillestre, Eygliers et Réotier), pour se déverser sous Mont-Dauphin dans la Durance (affluent du Rhône) à 880 mètres d'altitude. Le tracé du Guil suit ainsi celui de la vallée du Queyras : une longueur de 51,5km, une pente moyenne de 2,4 % (plus forte néanmoins sur territoire de Ristolas où elle est de plus de 6%)
Le Guil est alimenté tout au long de son trajet par 179 torrents/affluents, qui viennent grossir ses eaux, et dont les plus importants sont : Le Ségure à Ristolas, le Bouchert à Abriès, le Lombard à Aiguilles, les Aigues à Château-Ville-Vieille, la Rivière à Arvieux, le Cristillan à la Maison du Roy, le Torrent de Chagne à Guillestre, le Réiou à Eygliers.
La puissance du torrent a expliqué la construction dès 1979, avec inauguration en 1982, du barrage de Maison du Roi, exploité par EDF.
Le Guil traverse le territoire, mais aussi ses différentes zones géologiques nées des différentes périodes :
Deux types de roche sont observables sur le territoire :
Au niveau de Guillestre et de MontDauphin, des roches alluvionnaires se sont formées en terrasse de poudingue.
Le torrent du Guil est connu dans toute l'Europe pour ses caractéristiques idéales pour les sports d'eau vive : rafting, kayak, hydrospeed, etc.).Les départs peuvent se faire depuis Aiguilles lorsque le débit est suffisant, mais plus communément depuis Château-Queyras, au pied du Fort. La rivière se parcoure sur environ 14km, entre Château-Queryas et le lac du barrage de Maison du Roy, et réputée être technique et manœuvrière à fort dénivelé (pente moyenne de 3 %) avec des rapides côté de classe III à la classe V. Il est côté attire les kayakistes les plus chevronnés d'Europe, qui apprécient :
A noter qu'il dernière gorge profonde en aval du lac de Maison du Roi est praticable uniquement en petite embarcation c'est l'un plus beaux lieux en Europe, et elle est réservée aux plus chevronnés.
Le Guil attire également les pêcheur en raison de la qualité de ses espèces halieutiques (c'est l'un des plus beau spot de pêche des Hautes-Alpes avec des espèces endémiques locales de truite fario, mais aussi le saumon de fontaines) et du panorama (un courant fort/rapide, des gorges tortueuses et rocailleuses). Les passionnés de pêche pourront s'adonner à plusieurs techniques pour faire de belles prises de truite : la pêche au "toc", au vairon, à la mouche (nymphe, sèche).
La Via Ferrata de Fort-Queyras est à découvrir également : elle surplombe le Guil ! Dans sa partie supérieure (au delà d'Aiguilles, et plus sûrement au delà d'Abriès, les enfants apprécieront de jouer au bord de l'eau, accompagnés de leurs parents.
Le débit moyen du Guil est d'environ 10m3/seconde (il n'y a pas de station de mesure autre que celle du barage de Maison du Roy). Cependant, comme tout cour d'eau, le Guil voit son débit augmenter à certaines périodes. Le climat particulier du Queyras (méditerranéen apportant chaleur et montagnard apportant les chutes de neige) implique deux étiages (hivernal nival dont le maximum est en février, et étiage estival dont maximum en août). Ainsi de mai à juillet, le débit du Guil augmente par la fonte neige, la hausse des températures, et les précipitations printanières, faisant la joie des pratiquants de sports d'eau vive.
Mais les périodes particulières de Lombarde/Retour d'Est peuvent rendre la situation difficile, surtout lorsqu'elles se cumulent à la fonte de neige. Ces conditions extrêmes et cumulatives (fortes pluies lors de période de Lombarde/Retour d'Est, avec fonte concomitante de neige printanière) entraînent des crues torrentielles, violentes et brutales. L'eau se charge en matériaux, emporte rochers, cailloux et sable vers l'aval. Lorsque les matériaux charriés sont importants, il n'est pas rare que des cônes de déjection et des laves torrentielles se forment, bloquant le débit en faisant barrage (embacles) ou générant de fortes vagues de matériaux. Le Guil sort de son lit, déborde, ravine les sols, et envahit/ détruit tout sur son passage, inonde les habitations et les cultures.
Ces crues sont fréquentes dans le Haut-Guil (torrent de Ségure à Ristolas, torrent du Bouchet à Abriès, torrent du Lombard à Aiguilles et torrent de l’Aigue blanche à Ville-Vieille). Plusieurs affluents subissent des crues conséquente (capable d'engraver les cônes de déjection) lors de violentes précipitations ou de brusques fontes des neiges lors des redoux hivernaux, mais le phénomène est rare : c'est ainsi que les villages de Ristolas, Abriès, Aiguilles et Château-Ville-Vielle sont systématiquement établis sur les cônes de déjection, malgré les catastrophes se reproduisaient tous les 2 ou 2 siècles d'après les archives.
Mais le rythme semble s'être accéléré depuis le 19ième siècle : les crues les plus destructrices, ancrées dans la mémoire collective semble revenir plus fréquemment :
Le Guil est visible dès l'entrée dans la vallée du Queyras par la D902, qui se prolonge par la D947 à partir de Château-Ville-Vieille. Au niveau de Ristolas, vous pourrez accéder à ses sources via le site de la Roche Ecroulée, en empruntant l'ancienne route du belvédère du Viso. Depuis Ristolas jusqu'à Maison du Roi, il est également possible de suivre un chemin forestier qui le longe, qui emprunte pour partie l'ancienne route carrossable.
Plusieurs sites touristiques sont remarquables tout au long du trajet du torrent du Guil :
Bref, c'est autour du Guil que s'est organisée la vie de la vallée du Queyras : d'abord pour les accès inter-vallées, ensuite lors des calamités (crues centennales). Plus récemment, avec l'avènement du tourisme fin du 19ième siècle, son caractère pittoresque a marqué les visiteurs français mais aussi anglais (lors de l'avènement de l'alpinisme), la qualité de ses eaux a développé les activités de pêche et de sports d'eau vive. Nous vous conseillons de venir découvrir sa diversité, en n'oubliant pas de remonter jusqu'à sa source, mais aussi en découvrant ses affluents (Ségure, Bouchet, Rivière d'Arvieux, Aigue Blanche, Cristillan, Chagne).