A la croisée du Guil et du Bouchet, sur la route des Cols historiques donnant sur l'Italie
La géographie de la commune d'Abriès en Queyras
Située à 1550m d'altitudes, Abriès se situe à la confluence de deux torrents : le Bouchet et le Guil, ouvrant la voie à deux vallées donnant sur l'Italie : celle du Bric Bouchet et du Bric Froid, celle du Mont-Viso.
Abriès bénéficie ainsi d'une position géographique favorable : son altitude est moyenne, tout en restant proche de l'Italie,et elle bénéficie de l'influence de la Lombarde via les Retours d'Est.
Le village d'Abriès est constitué aujourd'hui du Chef Lieu et de plusieurs hameaux actifs à l'année (La Garcine, Le Roux).
Avant 1910, Abriès contenait davantage de hameaux, mais l'exode rural a eu raison de leur habitat à l'année entre 1830 et 1910. Ils ont été utilisés pour l'estive, avant d'être totalement abandonnés. Une partie d'entre eux ont été ravivés par des amoureux passionnés du Queyras, et par les défenseurs du patrimoine du Haut-Guil :
- en direction d'Aiguilles le Malrif, Le Tirail, Les Bertins ont été rénovés. Le Villard -ce dernier est en Ruine
- en direction de Ristolas, Patarel (le Petit Varenc), le Grand Varenc (Varencs) sont en ruine
- Ont disparu ou sont en ruine : Le Cros, Les Mounets
- au delà du Roux Pra Roubeaud, La Montette, Valpreveyre ont été renovés. Ont disparu ou sont en ruine : Gasque, la Levée, les Granges, les Traverses
A noter que le Roux a longtemps été une paroisse autonome dédiée à Saint-Jean Baptiste (qui couvrait les hameaux de Pra-Roubaud, de l'Alveyo, et la La Montette), et comprenait 2 églises : la Chapelle Saint-Barthelemy, consacrée en 1683, et celle du chef lieu. Suite à l'avalanche de 1706, l'Eglise principale est celle du chef lieu.
Un projet est à l'étude pour fusionner les communes de Ristolas, Abriès et Aiguilles, sachant qu'en 2016 le Canton d'Aiguilles a été fusionné avec celui de Guillestre, la fusion des communautés de communes du Queyras-Guillestrois étant programmée pour le 1er Janvier 2017. A noter que les offices de Tourisme d'Abriès et de Ristolas ne font qu'un : l'Office de Tourisme Ristolas-Abriès est localisé à Abriès
La petite histoire d'Abriès
Abriès s'est développée à partir du XIIIième siècle fortement grâce à la multiplication des échanges avec l'Italie et sa position géographique idéale, grâce à un régime spécial et certains privilèges. Ses habitants ont été depuis longtemps réputés pour leurs capacités commerciales, nombre d'Abriesois firent fortune en amont dans les grands ports de la Méditerranée (Marseille, Toulon, etc.) voire à l'étranger (Italie et Amérique du Sud comme beaucoup de Hauts-Alpins).
Sa situation géographique favorable, à la croisée des grandes routes, lui permit un fort développement économique : en 1800, Abriès a un population double (2000) de celle de Guillestre (900 habitants) !
- Quatre voies majeurs permettent de rejoindre l'Italie : le Col Lacroix, le Col Saint-Martin, le Col d'Urine, le Col d'Abriès. Ces accès sont d'ailleurs mentionnés sur les cartes de Cassini (Grande Route du Piémont). Queyrassins et Italien échangent ainsi naturellement leurs produits et leurs mains d'oeuvre.
- Sa proximité avec les limites du Royaume de France lui fit connaître les grandes époques de notre histoire nationale, notamment celle liée aux guerres de religions.
A partir de 1850, la mise en place de droits douaniers par le Royaume de Sardaigne et la facilitation vers 1855 des accès depuis Guillestre (route carrossable des Gorges) réduisent l'intéret des échanges avec l'Italie, mais facilite l'activité économique avec la Durance. Le Tourisme et plus spécifiquement l'alpinisme dans le Haut-Guil nait au début du XIXième siècle, et encore plus à la fin du XIXième siècle avec la facilitation des voies d'accès (Route des Gorges et de la Combe du Guil depuis Guillestre en 1855-1856, arrivée du train à Eygliers-MontDauphin en 1884, et le tracé de la route du Col de l'Izoard en 1893 par l'armée). Les alpinistes anglais arrivèrent en nombre, le premier Grand Hôtel est construit en 1895/1897 (45 chambres), les sommets furent grimpés pour la première fois officiellement. C'est le début du Tourisme à Abriès.
Le village a été fortement touché par les guerres du 20ième siècle, mais aussi par l'exode rural. Dans les années 60, la création de la station de ski donne une activité complémentaire saisonnière aux habitants qui étaient jusqu'alors uniquement tourné vers l'agriculture, et la création du Parc Naturel Régional du Queyras, auquel adhère Abriès dès le début, lance une nouvelle ère de développement économique.
Abriès, qui dépendait avec Ristolas du Canton d'Aiguille, dépend maintenant du canton de Guillestre, préfigurant la fusion des communautés de communes du Queyras avec celles du Guillestrois, qui sera effective au 01/01/2017. Les communes d'Aiguilles, Abriès et Ristolas pourraient par ailleurs fusionner.
Voici les grandes dates historiques pour Abriès :
- XI/XII ième siècles : installation permanente des populations à Abriès, auparavant ils habitaient plus bas dans la vallée
- 1259 Abriès obtient du Dauphin Guiges comte de Viennois, chef de l'État du Dauphiné, dont faisait partie le Queyras, une "charte de privilèges", qui va permettre de développer les échanges avec le Piémont et à Abriès de devenir une plaque-tournante des échanges commerciaux du Queyras et plus globalement du Dauphiné-Provence. Cette charte définit :
- le droit de créer un marché qui aura lieu tous les mercredis, avec obligation faite à tous les Queyrassins de s'y rendre, "au moins un par maison et de ne rien vendre sans l'avoir offert à ce marché". Le but pour le Dauphin est de concurrencer le marché de Luzerne, situé de l'autre côté de la frontière dans le royaume du prince de Savoie.
- Les Abriesois sont placés sous la sauvegarde du Dauphin quand ils se rendent à Briançon et en reviennent
- Une exception d'impôt pour les maraîchés est obtenue en 1282 auprès de Humbert II
- 1343 : signature de la charte avec avec Humbert II portant sur la création du Grand Escarton du Briançonnais, comportant 4 Escartons dont l'Escarton du Queyras (constitué de sept communes - toutes sauf Ceillac), une autonomie est donnée aux communautés, les communautés sont exonérées de redevances et taxes importantes. Cette république autonome perdurera jusqu'en 1713, où l'escarton piémontais fut cédé au duché de Savoie.
- 1609 construction de la halle, pour faciliter le commerce : le marché d'Abriès est si développer qu'il faut structurer quelque peu, notamment pour développer le commerce des brebis, des agneaux et de la laine. Deux deux foires par an y étaient organisées : le 29 mai et le 29 septembre. La halle est maintenant l'office de Tourisme et la Mairie
- 1562 - 1660 : Abriès est majoritairement protestant
- 1604 : Fleuri IV établit deux foires à Abriès le 1er juin et à la Saint Michel
- 1681 : Abriès, Molines et l'Echalp dans le Queyras (Hautes-Alpes) sont fortement touchés par des avalanches (15 morts)
- 1685 révocation de l'Edit de Nantes, les protestants sont obligés de fuire en Italie/Suisse notamment par le Col des Thures
- 1689, la Savoie et ses alliés de la Ligue d'Augsbourg, déclarent la guerre à la France. Le Royaume de France défend ses frontières et cantonne dans le Queyras son armée, commandée par Catinat. La Savoie arme les vaudois, alliés aux protestants, établis dans la vallée italienne du Pellice, de l'autre côté de la frontière. Des milices organisées font à plusieurs reprises, en 1690, 1691, 1692, des incursions meurtrières dans le Queyras et surtout dans le territoire de la commune d'Abriès : des hameaux isolés sont partiellement incendiés, des fermes sont pillées, du bétail est volé, des habitants sont tués
- 1706 (6 janvier) une avalanche emporte 71 maisons à Abriès, et le hameau des Granges. La paroisse principale du Roux, qui était l'Eglise de Saint-Barthélemy, est transféré au Roux.
- 20 mai 1728 (jour de la Saint-Bernardin) inondations générale par crue du Bouchet, qui restera dans les mémoires : deux tiers des maisons sont emportées, mais aussi le cimetière et l’église
- 1830 début de l'exode rural vers la Provence, beaucoup de queyrassins se spécialisent dans le commerce
- 1903 : Abriès est la première commune rurale électrifiée de France (voir monument en face de l'Eglise d'Abriès)
- 1914 et 1918 : de nombreux habitants enrôlés comme chasseurs alpins sont morts sur le Front. Le Queyras perd 5% de sa population, Abriès n'est pas épargnée.
- 1921 : incendie du village
- 1931 : installation du premier remonte-pente des Hautes - Alpes à Abriès (système Dandelot sous licence Pomagalski,tout comme celui de Chabataron d'Aiguilles et de Pré du Géant à Saint-Véran et de Peynier à Vars.
- Juin 1940 : l'Italie déclare la guerre à la France, les habitants sont déplacés vers l'Ardèche : première évacuation. Les troupes françaises repoussent l'armée italienne qui ne réussit pas à s’emparer d'Abriès, mais qui occupe les hameaux du Roux et de Valpreveyre, ainsi que la commune voisine de Ristolas, en pillant les maisons. Les habitants sont contraints de trouver un refuge ailleurs, dans des villages du Queyras restés libres et jusqu'en Ardèche.
- En août et septembre 1944 : les Allemands, qui défendaient les frontières de l’Italie du Nord, bombardent depuis la batterie de tir installée au col de la Mayt (Col des Thures et Bric Bouchet) et détruisent les trois quarts du hameau de Pra-Roubaud, la moitié du village du Roux (et notamment son très beau clocher qui avait une flèche de 40 mètres), et le 13 septembre une grande partie du village d'Abriès (160 maisons sur 220), et notamment à L'adroit d'Abriès le fameux Grand Hôtel (violent incendie). Les familles les plus sinistrées sont forcées à l'exil à l'arrivée de l'hiver
- En 1944, le village du Roux a été le théâtre de violents combats opposant les goumiers de l'armée du maréchal Juin et les Allemands. Une plaque apposée sur l'ancienne école en témoigne.
- Avril 1945 : les allemands qui stationnaient sur les crêtes sont délogés
- 1947-1953 : reconstruction, arrivée des grosses fermes de la « reconstruction », peu esthétiques eu égard à nos normes actuelles, les architectes imposant le fonctionnel et la rapidité de construction
- 1948 : inondations/crues
- 13 juin 1957 : inondations générales
- 1960 : installation du premier téléski financé par les habitants, la nouvelle station est lancée, avec un programme d'investissement à la clef
- juin et octobre 2000 : inondations/crues
- 2006 remplacement du télésiège de Gilly par un télésiège débrayable de 6 places
- mai 2008 : inondations/crues
- décembre 2008 : Retour d'Est pendant 3 jours, abondantes chutes de neige, le village est coupé du monde pendant quelques jours
- 3,4,5 septembre 2012 : crues
- 01/01/2017 : les communes d'Abriès et Ristolas fusionnent pour former la commune nouvelle Abriès-Ristolas.
Sites remarquables à visiter lors de votre séjour depuis Abriès
En plus des sites dont vous trouverez une description ci-dessous (Lacs Malrifs, Valpreveyre), nous recommandons de visiter les sites suivants lors de votre passage à Abriès :
- Musée Maison du Costume et de la dentelle
- Le Chemin de Croix menant à Notre Dame des Sept Douleurs.
- Circuit des pierres écrites
- Collette de Gilly
- Le Roux, La Montette et Pra-Roubaud
- Grand Queyron
- Bric Bouchet
- Bric Froid
- Col d'Urine
- Col de Malaure
- Col Saint-Martin